« l’instant est la croisée du temps et de l’éternité « ( Lavelle)

Cette citation de Louis Lavelle est très importante, Lavelle est un des plus grands philosophes français du vingtième siècle, il est généralement ignoré en face de Sartre et de Beauvoir, ce qui est dommage, alors qu’il me semble que la philosophie lavellienne est parfois nommée « existentialisme chrétien « . Vous avez toutes ses œuvres ici :

http://classiques.uqac.ca/classiques/lavelle_louis/lavelle_louis.html

Et ici ses ouvrages inachevés :

http://classiques.uqac.ca/classiques/lavelle_louis/ouvrages_inacheves_LL/ouvrages_inacheves_LL_tdm.html

Il est très différent de Brunschvicg, qu’il admirait beaucoup, Lavelle a fait la première guerre mondiale au front, comme Wittgenstein, il y a trouvé l’occasion d’écrire ses « Carnets de guerre », alors que Brunschvicg a passé toute la durée de cette guerre dans les bureaux, il est vrai qu’il était plus âgé, ayant 45 ans en 1914, mais le philosophe Alain, professeur de Simone Weil ( la philosophe 1909-1943, pas l’avorteuse en chef de ce con de Giscard) avait un an de plus et il s’est engagé en 1914 pour ne pas être séparé de ses « petits » ( ses élèves) il en a retiré des rhumatismes qui ont fait de sa vieillesse un enfer, il est mort en 1951, alors que Brunschvicg a disparu en janvier 1944, après avoir fui sa belle bibliothèque de Paris et passé toute la durée de la guerre dans la clandestinité, à cause de ses origines juives :

https://anthroposophiephilosophieetscience.wordpress.com/leon-brunschvicg-le-destin-dun-philosophe-sous-loccupation-juin1940-janvier-1944/

Mais revenons à la belle formule de Lavelle : dans « croisée » il y a « croix » et j’en ai tiré la signification que je donne au symbole du christianisme. Les deux branches de La Croix représentent à mon avis les deux plans qui forment la dualité primordiale que je nomme « Ouvert »:

https://anthroposophiephilosophieetscience.wordpress.com/a-propos-de-ce-blog-plan-vital-et-plan-spirituel-dans-leur-dualite-qui-est-louvert/

Dualité du plan vital ou monde et du plan de l’Idée ou plan internel ou plan d’immanence ( abrégé p i dans les 3 cas) qui est inspirée d’ailleurs de « Raison et religion » (1939) de Léon Brunschvicg:

https://leonbrunschvicg.wordpress.com/brunschvicg-raison-et-religion/

Donc la branche verticale de La Croix est le plan internel, l’éternité est nommée ici « internité « , pour marquer sa différence avec l’éternité selon le monde qui est la perpétuité ( « prendre perpete » comme disent les taulards), la branche horizontale est le monde, le plan vital, les deux branches se croisent au centre de La Croix qui est l’Instant Présent, c’est pour cette raison que l’Instant est représenté comme une durée infinitésimale, ne correspondant à aucune perception ou phénomène naturel qui réclamerait une durée finie, tandis que la différentielle est plutôt de l’ordre de l’Idée mathématique .

C’est là à mon sens la signification de la « porte étroite » dans l’évangile :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Parabole_de_la_porte_étroite

C’est la durée infinitésimale de l’Instant qui est la « porte étroite » permettant d’entrer dans le « royaume des Cieux » qui est le plan internel

https://saintebible.com/matthew/7-13.htm

« 13Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. 14Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent. »

Qu’est ce que cela veut dire ? Que pour trouver le salut , il faut vivre selon l’instant présent et éviter de gaspiller sa vie sur la voie large qui mène à la perdition, et qui n’est autre que la conscience ordinaire , tiraillée entre les souvenirs du passé qui EST, et les vains espoirs attachés au futur qui n’est pas ( encore).

Or c’est extrêmement difficile dans les conditions de la vie incarnée : mettons qu’une femme m’ait laissé entrevoir les « plus grandes espérances « je ne suis pas dans l’instant présent, mais dans les plaisirs qui me sont promis.. pour « plus tard », quand j’irai au rendez vous, je la vois nue, je sens ses baisers, le contact de sa peau etc.. ou bien alors je me remémore un rendez vous galant dans le passé, pour me « mettre en forme » et m’exciter.. seulement je suis tellement absorbé dans ces vaines imaginations que je ne vois pas la tuile qui tombe du toit et va frapper ma tête.. adieu veaux vaches cochons couvée.. nouvelle Perette je laisse tomber le pot au lait.. au lieu du rendez vous avec la belle maîtresse qui me laissait entrevoir tant de joies, c’est avec le corbillard et la nuit du tombeau que j’´ai maintenant rendez-vous

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