Le présent éternel de la réflexion

Le « monde de l’esprit « dépeint par Lavelle se caractérise par un Présent éternel, qui est aussi celui de « la vie de l’esprit « selon Marie Anne Cochet, la commentatrice la plus intéressante de Brunschvicg, j’ai médité de larges passages de son livre de 1937 : « commentaire sur la conversion spirituelle dans la philosophie de Léon Brunschvicg «

https://anthroposophiephilosophieetscience.wordpress.com/2018/06/25/cochetbrunschvicg-la-scienceinternelle-comme-connaissance-integrale-gnosis/

« La vie de l’esprit se développe dans un présent éternel. Platon, Spinoza sont nos contemporains car ce qui fut chronologique dans leurs écrits n’est plus que la poussière déposée par le temps sur un tableau de maître. Nous l’écartons sans peine, et contemplons l’éternelle beauté du tableau «

Et le beau film « La poussière du temps » :

https://anthroposophiephilosophieetscience.wordpress.com/la-troisieme-aile-de-lange/

Est ici précieux pour éclairer cet aspect chronologique de l’étude du passé.

https://anthroposophiephilosophieetscience.wordpress.com/2018/07/08/cochetbrunschvicg-letude-chronologique-dune-philosophie-et-le-present-internel-de-la-reflexion/

« Connaître une philosophie, c’est là réfléchir le plus exactement qu’il se peut, c’est à dire l’étudier dans un double mouvement. La parcourir chronologiquement, dans ses démarches successives, du début à la fin, l’agir;puis revenir lentement de la fin au début, en réfléchissant les articulations les unes dans les autres, les intégrant régressivement de proche en proche donc, la réfléchir . Il ne s’agit pas ici d’en inverser le sens mais de maintenir présente l’oeuvre totale dans chacune de ses articulations, de même qu’une symphonie, une fois connue, est implicitement contenue dans chacune de ses phrases mélodiques. Telle est justement la conversion du temps chronologique, résultant de la succession des démarches logiques ou mélodiques, au présent éternel qui les contient toutes en chacune d’elles. Faute de comprendre ce rapport et d’accomplir ce travail, des inepties sont dites, écrites et même hélas enseignées »

Marie Anne Cochet aussi parle d’un monde spirituel :

https://anthroposophiephilosophieetscience.wordpress.com/2019/12/11/cochetbrunschvicg-lintegration-des-moments-du-vecu-chronologique-dans-le-present-eternel-de-la-reflexion/

« ce jugement du présent éternel ressemble à un miroir profond où d’innombrable images naissent et se pénètrent mutuellement sans s’effacer jamais, mais en se modifiant les unes les autres par des valeurs nouvelles. Ainsi réfléchi, conservé , transformé , le mirage fluent des sens et des vies s’instaure en un monde spirituel, s’ordonne et s’unifie. Les intelligences s’y succèdent, se développant en lui et le développant à leur tour. C’est dans ce monde spirituel que nous trouvons le spectacle offert à notre réflexion. L’acte réflexif ne souffre pas d’altérations, le présent éternel ne se subdivise pas. Il est présent unitivement dans son activité . Mais les images sur lesquelles il s’exerce attendent d’un jugement toujours en progression leur cohérence, dans un ordre plus pur, plus précis et plus souple à la fois. Et ce qui s’offre à la réflexion de notre conscience, ce sont les jugements par lesquels se sont instaurés les pays humains, où sont inscrites les lois et les volontés de l’esprit, où retentissent ses appels »

Le monde spirituel est donc le monde sensible (le mirage fluent des sens et des vies) mais ordonné et unifié par l’activité humaine d’unification, c’est à dire la Raison. Il n’y a rien à chercher au delà de l’Un parce que l’unification est l’essence même de l’intelligence, qui consiste à créer des rapports.

« Le Temps chronologique ne vient pas vers nous; c’est nous qui le créons pas à pas dans notre marche tangente à l’esprit

Marcher de manière tangente à l’ esprit, cela revient à ne pas entrer dans le monde spirituel, comme Moise pour la Terre Promise. C’est ce qui fait de l’homme un être temporel de part en part : l’homme n’a pas le Temps, il EST le temps.

Laisser un commentaire